Corliande

Auto édition

Auto édition

22 décembre 2010

Illustration - Sophie Lopez



La prime jeunesse de Baltos et Serylia



Baltos et Serylia  par Sophie Lopez



             Avant de prendre forme sur la couverture de mes livres, Baltos et Serylia avaient eu une première existence.  Apparus très tôt, dès le début de la narration, ils étaient dus au talent de Sophie Lopez. Mais celle-ci, bien que très bonne dessinatrice, se sentait peu tentée par l’illustration. Surtout, elle était déjà irrésistiblement attirée par la sculpture, domaine dans lequel elle excellera par la suite,  j’aurai l’occasion d’y revenir. Pour mettre un terme à notre brève mais fructueuse collaboration, elle réalisa ce superbe double portrait, dont elle me fit cadeau, et je le pris comme tel. Ils correspondaient alors parfaitement à l’idée que je me faisais de leur aspect physique. Plus proches des animaux, en l’occurrence des lémuriens, pour lesquels j’éprouve une tendresse particulière, ils se sont un peu modifiés avec le temps, sont devenus plus humains. Mais dans leur version « primitive », que je voulais vous faire découvrir ici, ils m’ont été d’une aide précieuse. Si j’ose parler d’inspiration en ce qui me concerne, je sais aussi qu’ils y ont contribué pour beaucoup. Placés sur le mur, au dessus de ma table de travail, ils ont exercé sur moi une sorte de surveillance muette et bienveillante, m’incitant à me remettre à l’ouvrage dans les moments de doute et de découragement, et me rappelant discrètement, mais avec une constance infaillible et salutaire, que j’avais une histoire à terminer.

17 décembre 2010

Définition - Corliande


Ceci n’est pas (tout à fait) de l’héroic fantasy
           


Essai d'enluminure Livre I, Chapitre II









             A la question qui m’a été posée de définir Corliande il m’est assez difficile de répondre, tant ce livre paraît inclassable. Entendons-nous bien : il ne s’agit nullement là d’un jugement de valeur. Je ne prétends pas avoir réussi une sorte d’O.V.N.I. littéraire inédit ne ressemblant à aucun autre. Son non-conformisme, s’il est avéré, et son caractère hybride ont d’ailleurs plus contribué à me fermer les portes des éditeurs qu’à les ouvrir, ce qui n’est peut-être pas la démonstration de son inanité, mais n’est pas non plus la preuve éclatante du contraire. S’entendre dire que son travail n’est pas « formaté », est tout aussi gratifiant que décevant pour l’amour propre, ce terme épouvantable ne signifiant pas obligatoirement qu’il est original mais, plus cruellement, qu’il est « non commercialisable ». Il le fut en effet pour les quelques éditeurs sollicités par moi, et si leur refus, en dépit des qualités que certains lui reconnaissaient, ne me fut pas toujours clairement explicité, je crois en connaître un peu les raisons.  

5 décembre 2010

Un photographe - Emmanuel Romeo


Emmanuel Romeo   



Depuis quelques années, certains grands succès commerciaux aidant, la féerie semble être devenue très « tendance ». Je ne suis pas sûre qu’elle ait vraiment gagné à se retrouver ainsi mise à toutes les sauces, notamment publicitaires. Elle y a surtout perdu beaucoup de ce mystère qui en est pourtant l’essence. Moi-même, j’avoue éprouver une certaine lassitude face à cette surenchère, cette banalisation qui, loin de mettre en lumière les œuvres de qualité, ne font souvent que les ensevelir, les rendre invisibles aux yeux d’une partie du public trop vite rassasiée par ce qui lui est pré-vendu pour aller voir plus loin.


              Certes la féerie n’a pas dit son dernier mot. Il y aura toujours des artistes pour y puiser l’inspiration et nous livrer à travers elle leur propre vision du monde. De surcroît, avec ses compagnons de routes incertaines que sont le surnaturel et le symbolisme, voire l’ésotérisme, elle trouve encore à s’inviter là où l’on ne l’attend pas, et en cela aussi, elle reste fascinante.

A la frontière


             C’est ainsi qu’elle et ses amis croisent très régulièrement le chemin du photographe Emmanuel Romeo. On pourrait se laisser aller à dire que la terre de Bretagne où il vit est traditionnellement propice à ce type de rencontre. Cependant, il ne cède pas à la facilité d’en présenter les vues pittoresques mais déjà connues d’arbre d’or, de menhirs et autres dolmens. Par ailleurs, son œil exercé d’artiste, de chercheur et d’esthète trouverait sans mal de quoi nourrir son travail dans toute région où la nature a conservé un semblant de droits. Car c’est dans les scènes à priori les plus banales qu’il traque le mystère, et que celui-ci se montre à l’heure dite au rendez-vous. On sait en effet combien le temps est important en photographie, et je n’ose imaginer les heures passées à guetter cet esprit farouche et intransigeant, ne retenant que les instants magiques où il daigne se manifester.

Sans titre


20 novembre 2010

Quelques sites à explorer

Parmi les sites qui ont attiré mon attention ces derniers temps, il y a booksillustrated un site en anglais qui m'a permis de retrouver quelques œuvres magiques d'Arthur Rackham et de Charles Van Sandwyk, mais aussi de découvrir d'autres excellents dessinateurs tels que Edmund Dulac, Ed Org, Christian Birmingham, et Angel Dominguez.

Autre site magnifique, une œuvre d'art en soi, celui de l'artiste américaine Maggie Taylor. C'est par la pochette d'un très bon disque de Denis Colin que j'ai pris connaissance de son travail. A la façon des collages chers aux surréalistes, et dans un esprit très similaire, elle utilise la technique numérique, d'habitude un peu trop  froide et impersonnelle à mon goût, pour réaliser de splendides tableaux aux couleurs chatoyantes et au symbolisme éloquent.

J'ai découvert récemment le blog d'une jeune illustratrice, Charline. Influencée par Rackham, encore lui, ou Brian Froud, comme la plupart des dessinateurs spécialisés dans la "fantasy", elle apporte néanmoins une touche très personnelle à cet univers d'ailleurs parfaitement maîtrisé. Regardez tout particulièrement ses albums de créatures choisies ou son bestiaire. Vous trouverez dans ses aquarelles  et ses dessins au crayon une poésie, une délicatesse et une sensibilité qui n'appartiennent qu'à elle, me semble-t-il. En ce qui me concerne, je vais suivre de près son travail.

Enfin, dans un genre très différent, je ne saurais trop vous recommander le dernier et très beau livre de Sylvie Fontaine, Sous le manteau, aux éditions Tanibis. La mise en page, les textes, leur présentation, la couverture, et bien sûr les dessins en eux-mêmes, tout est superbe et d'une très grande originalité.

Sous le manteau - Sylvie Fontaine

  Lire au sujet de ce livre et de son travail en général l'entretien très intéressant qu'a donné Sylvie sur le site ActuaBD, visible ici
Vous pouvez également voir ici des extraits de Sous le manteau

13 novembre 2010

Un marionnettiste - Jean-Jacques Nuffer






 Jean-Jacques Nuffer 
(1933 - 1990) 




Alsacien d'origine, Jean-Jacques Nuffer a grandi à Paris et à Vanves. Artiste dans l'âme, même s'il ne devint jamais un professionnel, il a étudié le dessin à l'école Montparnasse 80, le théâtre avec Muse d'Albray, et fut mime avec Roger Dabert. Zazou à l'adolescence, grand amateur de jazz, il s'occupera d'un jazz club à Orly et participera aux diverses activités de la maison des jeunes et de la culture de cette même ville, tout en étant employé aux éditions Vilo.


22 octobre 2010

Un peintre - Anna Cazan



Naissance
(huile sur toile)





Anna Cazan


           Née en Touraine en 1925, Anna Cazan a  étudié le dessin à l’école "Montparnasse 80" avec le sculpteur Henri-Georges Adam. Animatrice d’un atelier de peinture à la MJC d’Orly pendant une dizaine d’années, elle a effectué diverses expositions personnelles à Paris et en Île de France, par le biais d’associations, dans des centres culturels, bibliothèques et entreprises, ainsi que dans des galeries. Elle a également participé aux salons des Indépendants, de la Main d’or et de la Nationale des Beaux-arts, au Grand palais. Elle vit actuellement dans une petite ville d’Indre et Loire.
 
 
             Après des recherches figuratives (pointillisme, transparences) elle a abordé le surréalisme et le symbolisme, exprimant dans les années 60-70 un certain engagement, (mai 68, remise en cause de l’impérialisme des multinationales, écologie), pour se tourner ensuite vers des préoccupations plus philosophiques. Fascinée par la nature et la fusion des éléments qui s’opposent ou se conjuguent (minéral et végétal, mimétisme dans le règne animal) elle accorde une place importante à l’espace dans ses toiles à l’esthétique souvent épurée, tout en cherchant à révéler la signification cachée des choses. Ses travaux sur l’œuf en témoignent, de même que ceux sur les insectes.  


8 octobre 2010

Corliande : un livre sans illustrations


Première esquisse





Certaines personnes, n’ayant vu mes livres que sur internet, ou sur des affiches et autres prospectus, ont été surprises d’apprendre qu’ils ne contenaient pas d’illustrations, hormis celles figurant sur les couvertures. Si le soin que j’ai apporté à ces dernières, notamment dans la représentation de mes personnages, suggère l’idée, et peut-être même l’envie d’en voir davantage, je ne m’en plaindrai évidemment pas. Il n’est d’ailleurs pas exclu que d’autres dessins viennent un jour s’y ajouter (au risque, je me dois de le dire, d’en multiplier le coût s’ils sont en couleur).
Mais je tiens à préciser que Corliande est, et restera, avant tout le fruit d’un long travail littéraire. Il m’a fallu plusieurs années pour en venir à bout. D’abord séduite par le projet d’y inclure des illustrations (dues en l’occurrence à mon amie Sophie Lopez) j’avais un peu abandonné ce point de vue chemin faisant. Je me plaisais à penser que le texte suffirait amplement à créer des images dans l’esprit des futurs lecteurs. Les descriptions, assez nombreuses je l’avoue, ont été minutieusement élaborées dans ce but. Je sais qu’elles peuvent rebuter, particulièrement en ces temps de consommation immédiate et de rentabilité minutée. Mais elles ont le pouvoir, j’en suis certaine, de stimuler l’imagination. Loin de moi l’intention de minimiser l’importance des images, bien au contraire. Elles peuvent aller de pair avec les mots, de même que la musique en d'autres contextes, mais toutes ces disciplines peuvent aussi se suffire à elles-mêmes, et raconter leur propre version d’une histoire.
Sur les conseils d’un tiers, parce que je dessinais déjà un peu, et dans l’optique de l’auto édition qui s’imposait à moi, et qui m’obligeait à envisager un visuel pour les couvertures, je me suis mise à la tâche. Les réactions semblent indiquer que je n’ai pas trop mal réussi. J’espère que le contenu littéraire de ces trois livres, bien plus fondamental à mes yeux, saura trouver un écho tout aussi favorable.

2 octobre 2010

Entretien avec Isabelle Nuffer

Voici l'entretien réalisé pour la publication du livre I sur le blog du site nato


ENTRETIEN AVEC ISABELLE NUFFER,
CRÉATRICE DE CORLIANDE

"La vision est l'art de voir les choses invisibles." a écrit Jonathan Swift, auteur des célèbres Voyages de Gulliver, (mais aussi du Conte du tonneau, de Instructions aux domestiques, de La Mécanique de l'esprit ou de l'implacable Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres dʼêtre à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public). Souvent classé plume de littérature "merveilleuse", Swift a été un des plus vifs observateurs de la nature humaine et l'un des plus avancés "photographes" de son époque. D'autres auteurs classés "merveilleux" - on citera Lewis Carroll bien sûr - ont su avec une perspicacité que l'on pensait être l'apanage des chats, nous transmettre une certaine quête du plus fort de nous-mêmes et la mise en perspective, jusqu'à l'insupportable, de notre pire souvent tristement risible. C'est le cas aussi d'Isabelle Nuffer, leur cousine moderne, qui, par son impressionnant premier ouvrage intitulé Corliande (livre premier), ne quitte le monde du réel que pour y revenir par cette autre porte à l'œilleton bourgeonnant où l'on en voit mieux le bout (s'il existe), où on l'habite en délié par le saisir en plein. Le voyage de ses deux jeunes héros, Baltos et Serylia, natifs de l'état de Corliande nous entraîne loin. On ne dévoilera rien ici, si ce n'est qu'il est aussi fort question d'une infernale cité du mensonge. Les descriptions sont stupéfiantes et ce livre fait mieux que se placer au premier rang d'un genre aujourd'hui débité par trop de faibles onirismes et de naïvetés inoffensives, il touche le couloir du rêve, ce conduit qui mène à la meilleure découverte de nos propres recherches. Corliande est publié à compte d'auteur et disponible seulement par correspondance sur le site Lulu. Nous avons rencontré cette écrivain (et illustratrice) inattendue.



Corliande, trilogie féerique, 
est disponible sur Lulu.com

        Au cœur d’une forêt du sud se cache un village isolé du reste du monde appelé Corliande. Ses habitants, petits êtres vêtus de plumes, aux grands yeux ronds et brillants, y mènent une vie insouciante, dépourvue de rêves. L’origine de cette ethnie unique en son genre étant une énigme, Theubacle et Tyvestre, doyens, archéologues et conservateurs du musée, se disputent incessamment le privilège d’en découvrir le secret. Déterrant un jour un livre très ancien, ils travaillent à sa traduction, mais l’interprètent différemment. Le premier est persuadé qu’il s’agit d’une épopée écrite il y a fort longtemps par un peuple venu du ciel, réfugié sur terre, et dont ils seraient les descendants. Son confrère, lui, voit en cet ouvrage une sorte de bible conçue par leurs ancêtres, peuple selon lui très religieux, faiseur de rêves, et qui pourrait s’apparenter aux strates, mystérieusement disparus. Ces derniers vivaient autrefois au nord, au sommet du mont Stratos. Baltos et Serylia, deux enfants passionnés par ces recherches, tentent eux aussi de traduire le document, et échouent. Mais ils découvrent un autre livre : les « carnets de voyage de Prosédis », dont l’auteur fut, trois cents ans plus tôt, le seul corliandais connu pour avoir parcouru d’autres pays. Il y est question de la cité du mensonge, objet d’une vieille légende corliandaise. Cette ville fortifiée est habitée par des êtres fourbes et masqués appelés les menteurs, lesquels prétendent détenir la vérité, prisonnière d’une tour au cœur de l’enceinte. Mais un dédale de rues la rend inaccessible, et ceux qui par malheur s’aventurent entre ces murs s’y égarent et n’en ressortent jamais. Or, on raconte dans divers endroits de la terre qu’une telle cité existe réellement et se trouve précisément au sommet du mont Stratos. Y a-t-il un rapport entre cette légende et leurs ancêtres ? Pour le savoir, les enfants décident de se rendre à l’autre bout du monde, afin de libérer la vérité.





Corliande livre premier 

         Dans ce premier livre, nous découvrons le village et ses pittoresques habitants. Puis nous suivons nos héros Baltos et Serylia dans leurs pérégrinations à travers l'immense région du Deis Paesina. Ils y rencontrent diverses créatures, et sont reçus par les sages en leur somptueux palais minéral. Ces derniers leur révèlent plusieurs secrets, et donnent un nouveau sens à leur quête.


 
Corliande livre deux

        Le second volume nous emmène au fond de l’océan, à la renconte des ondins, et nous fait découvrir l’existence d’un état mécanique et totalitaire, gouverné par six monarques. Il nous fait enfin explorer le terrible pays des brumes, décrit par les sages du Deis Paesina comme étant l’une des régions les plus dangereuses que la terre ait vu naître, car de ses pièges nul ne sait rien.
 



Corliande livre trois 

        Après avoir visité la superbe région d’Eliador, nos amis rencontrent les fées, puis se dirigent vers la cité du mensonge, le but ultime de leur voyage. Sauront-ils triompher de la ruse des menteurs ? La réponse est probablement dans ce troisième et dernier livre. Mais une étape imprévue les mettra aussi en présence d’un étrange magicien au pouvoir inquiétant, et celui-ci leur réserve bien d’autres surprises.